Vision

Quel avenir pour les gérants de fortune indépendants ?

SONT-ILS A RELEGUER AU PASSE ? // Deux études que nous avons menées montrent tout le contraire. Les banques privées ont donc intérêt à soigner particulièrement leurs relations avec ces partenaires d’affaires.

L’arrivée des nouvelles réglementations, telles que la LSFIN, est annoncée comme une hécatombe sur le marché des gérants de fortune indépendants (GFI).

Ces changements vont fortement augmenter la complexité du métier de gestionnaire de fortune, et par conséquent les coûts associés, dans un environnement de marges réduites. Beaucoup sont convaincus que les GFI n’y survivront pas.

Captivés par une telle transformation, nous avons souhaité approfondir notre connaissance de ce marché au travers de deux études séparées : la première traitant des besoins actuels et futurs des GFI, la seconde analysant l’offre de produits et services qui leur sont dédiés.

Les modèles de banques regroupant les activités de dépositaire, de gestionnaire d’actifs et de gérant de fortune, ne correspondent plus aux besoins des clients

600 milliards d’actifs sous contrôle des GFI

Avec plus de 3000 établissements recensés, on ne peut nier le fait qu’il y a trop de GFI en Suisse et que certains sont amenés à disparaître.

La moitié de ces structures est composée de 3 collaborateurs ou moins, avec moins de 100 millions d’actifs sous gestion. Elles ont un avenir incertain.

Mais leur disparition éventuelle n’aurait qu’un impact limité sur le poids économique de ce secteur, qui représente 600 milliards d’actifs.

A contrario, les structures plus importantes vont pouvoir profiter d’une meilleure régularisation du domaine.

Certes, les nouvelles exigences réglementaires vont rajouter des contraintes en matière de contrôle et de reporting, mais cela va également les conduire à se professionnaliser davantage, et donc faciliter leur croissance.

On rencontre d’ores et déjà aujourd’hui des GFI gérant des avoirs bien plus conséquents que nombre de banques privées de la place et selon nous, la tendance va se poursuivre.

Au cours de ces dernières années, les clients très fortunés se sont mis à la recherche d’intermédiaires financiers indépendants, plus à même de les conseiller sans conflits d’intérêt.

En se renforçant, les GFI se transforment en interlocuteurs plus intéressants pour cette clientèle. Ils deviennent également des partenaires indispensables des banques dépositaires, ce qui leur permettra d’obtenir d’elles des conditions plus avantageuses pour eux-mêmes et leurs clients.

Un marché pour les éditeurs de logiciels

Conscients de cette évolution, de nombreux éditeurs ont développé des solutions informatiques spécifiques aux besoins des GFI. On constate également une croissance des offres de services dédiés à ce marché. Tout cela contribue favorablement à leur progression vers plus de méthode et d’organisation.

Nous pensons donc que les récentes évolutions réglementaires sont une opportunité pour les GFI de repenser leur modèle d’affaires et de renforcer leur position face aux établissements bancaires: en se professionnalisant, les GFI vont gagner en crédibilité, non seulement envers leurs clients, mais envers tous leurs partenaires d’affaires.

Loin de les pousser vers la sortie, ce mouvement les emportera vers des sommets jusqu’alors inaccessibles, pour autant qu’ils anticipent cette mutation et s’organisent en conséquence.

Par Jean-Claude Favre

CEO